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lundi 2 mai 2011

Le distrait, en toute franchise...

Ce jeudi, Pierre Richard était de passage à Montréal dans le cadre de la tournée nord-américaine (Québec, Montréal, Toronto et New-York) de la pièce "Franchise Postale".
Ce fut aussi l'occasion pour lui de revenir dans le pays où il a tourné "Le Bonheur de Pierre" en 2008 sous la houlette du réalisateur québécois Robert Ménard. On peut dire qu'aussi bien au Québec qu'en France, ce film n'a pas connu un véritable succès. Cependant, il fut récompensé dans plusieurs festivals internationaux.
Mais ce grand blond aux cheveux blancs n'a que faire des critiques qu'il ne lit plus depuis longtemps. Il profite dans cette pièce de la mise en scène talentueuse de Christophe Duthuron pour nous éblouir.
Il nous explique, au moyen de quelques courriers échangés avec des admirateurs fictifs, comment il a tout simplement choisi d'être heureux.
Lui, qui se revendique plus chanceux que distrait, nous parle aussi, au travers de quelques anecdotes, de ses amis, de ceux qui lui ont tendu la main, ainsi, on cerne un peu mieux ce grand Monsieur de la culture française et ses influences.
Parmi celles-ci, il revient longtemps sur son amour pour le Jazz, une passion transmise à ses fils qui ont composé la musique de la pièce et l'accompagnent quelque instants sur la scène.
Le secret de sa réussite réside dans le désordre et son organisation méticuleuse afin de toujours surprendre et de faire (sou)rire!
Amoureux de la vie, il en profite et la croque à pleines dents. Cet homme aux 76 printemps ne laisse rien percevoir de son âge, et sur scène il se lâche sans surjouer avec les mots justes pour décrire des correspondances postales toutes plus cocasses les unes que les autres.
Malgré tout, cette pièce n'a pas pour vocation de rendre le public hilare mais plutôt de permettre à l'artiste de livrer une prestation sincère, émouvante et toujours drôle.
1 heure et 15 minutes après le début, Pierre Richard nous quitte déjà, nous laissant sur notre faim et sur cette fin: "Il m'en a fallu du temps pour m'accepter. Il m'en a fallu du temps, et surtout vos rires."

lundi 18 avril 2011

Wajdi Mouawad, le paradoxe d'un artiste

Peu importe nos avis, nos souffrances et nos sensibilités, voici les témoignages de celui qui voulait que Bertrand Cantat prenne part à son spectacle... Tant de recul et d'humanité...

La lettre de Wajdi Mouawad à sa fille :
http://www.ledevoir.com/culture/theatre/321334/aimee-ma-petite-cherie
"Je t'écris, malgré tes trois ans, tant est grand le besoin de m'adresser à toi pour te raconter comment le silence a su me garder. Ces mots te parviendront plus tard. Aujourd'hui, où tu t'extasies dès lors que tu aperçois un toboggan, tu ne te soucies que de jouer. Le matin tu me reconduis à la porte me disant: «Papa au théyatavec Antigogne Éclèt et Dézanil».

T'écrire, c'est conjurer la peur que j'ai de mourir avant d'avoir eu avec toi quelques conversations. La vie est faite pour parler infiniment avec ses amis et quelques fois avec ses parents. Une seule conversation avec son père peut agir comme pont et comme ravin. Traverser pour se libérer. C'est peut-être cela un père: pont et ravin. N'être qu'un pont, c'est empêcher le ravin, garant de liberté; n'être qu'un ravin c'est empêcher sa traversée et retenir l'enfant sur sa propre rive. Considère alors cette lettre comme l'ombre de la conversation que nous aurions eue si ma mort devait nous séparer, une façon d'avoir en ta possession mes mots. Je ne voudrais pas que ma fille ait un jour à se dire: «Mon père a écrit sa vie durant sans me donner de mots qui soient des mots de lui à moi». Cela si je devais mourir avant le temps.

Mais si l'impensable devait survenir, si tu devais mourir avant moi et que je sois précipité dans l'inimaginable douleur de vivre sans te voir grandir, alors tous ces mots seront vains.

Aujourd'hui pourtant je me tiens aux côtés de celui qui ôta la vie à la femme qu'il aimait. Cette mort, bien qu'il n'ait pas eu l'intention de la donner, il la donna violemment en se servant de ses mains. Cette femme qu'il aimait était la fille d'un père. Par conséquent, tu aurais pu être elle comme elle fut à cet instant toutes les femmes. Je t'aime plus que tout; pourtant, je me tiens aux côtés de cet homme. Pour ma part, après la mort et l'amour, je tiens la justice comme l'espace pacificateur auquel je me dois de me rallier coûte que coûte, si je veux faire barrage à la barbarie de la vengeance que j'exècre plus que tout tant elle a déchiré le pays qui m'a vu naître; et dès l'instant où cet homme a comparu devant la justice, qu'il a reconnu son crime, que sa sentence fut donnée puis purgée, je l'ai considéré comme mon égal. En tout point. Il aurait pu être mon frère. J'aurai pu être lui. Et si c'est mon frère qui te tue, malgré la chute et le désastre, je me refuse, pour ma part, le droit de prononcer les mots de Caïn; et si je suis moi-même ton propre assassin, je ne voudrais pas être jeté aux orties des humains. Mon fardeau serait infini, mais si je décide de vivre et de faire face à ma propre horreur alors la vie, toute la vie devrait m'être accordée. Malgré tout, malgré tout. C'est ce malgré tout qui, à mes yeux, rend l'humanité sublime.

Cet homme, dans l'aujourd'hui dont je te parle, est libre pour avoir purgé sa peine tel que les institutions judiciaires l'ont décidé. Il demeure à jamais celui qui tua, mais il est devenu aussi celui qui fit face à la justice. Il est donc multiple. Dans sa multiplicité, il est mon ami, il est aussi un artiste et parce que son art correspondait le mieux à l'aventure artistique dans laquelle je suis plongé, j'ai choisi de l'inviter à prendre la part la plus humble du spectacle, non pas celle du héros mais celle du choeur, et de faire face à sa vie tant ces trois pièces, si tu les lis, racontent son désastre. L'art est miroir des souffrances et des douleurs.

Ai-je bien fait?

Il n'existe pas de réponse universelle à cette question. Il n'existe que des jugements moraux. L'un dira oui, l'autre dira non. Il ne s'agit pas d'avoir raison, mais de choisir. Soit tu choisis le symbole de l'homme qui tua une femme et tu lui interdis la scène, mais alors tu dois savoir que tu le soumets à une seconde peine. Tu sacrifies la justice au profit du symbole. Est-ce juste? Est-ce juste de condamner deux fois un homme pour un seul crime?

Si, par contre, tu choisis de défendre la justice, défendre l'idée qu'un homme ne peut pas être puni deux fois pour le même crime, alors tu mets en souffrance ceux et celles qui ne pourront pas accepter le symbole affiché. Est-ce juste? Est-ce juste de sacrifier le symbole au profit de la justice? Voilà devant quelle question, pendant que tu glissais sur ton toboggan, une partie du monde de ton père s'est retrouvée.

Je te laisserai le plaisir de lire tout ce qui aura été dit, sache seulement que devant la déferlante d'opinions, aussi respectables les unes que les autres, ton père a choisi le silence comme seule élégance possible. Ton père s'est tu; non pas parce qu'il n'avait rien à dire, mais parce que dans cet espace en équilibre entre justice et morale, où il n'y avait pas de réponse mais des choix, rien ne pouvait être plus audible sinon le silence qui garde et sauvegarde les vérités et évite de rajouter la violence à la violence que ton père engendra lui-même sans le vouloir.

Ton père

***

Wajdi Mouawad, dramaturge et metteur en scène"

Voici, aussi son témoignage en vidéo:

mardi 12 avril 2011

Laurent Honel, une guitare, un fatal, un "Coming Out"...

C'est au milieu de la tournée accompagnant le nouvel opus "Coming Out", du quatuor "Les Fatals Picards", que Laurent Honel s'est livré pour notre plus grand plaisir au jeu de l'interview.
Le guitariste, maniant les mots aussi bien que sa guitare, a rejoins le groupe à ses débuts (en l'an 2000) sous l'influence d'Ivan (fondateur et chanteur des Fatals Picards jusqu'en 2007, maintenant avec "Les Rois de la Suède"), pour exprimer son humour et sa musique.
Le groupe a connu beaucoup de changements qui sont autant d'ouvertures et d'influences. Et c'est justement pour cela que lors de la tournée des 10 ans les anciens Fatals (qui le sont toujours un peu), les ont rejoins sur scène lors des 5 dates à l'Alhambra.
Les albums leurs servent de "prétexte pour tourner" car les Fatals Picards ne sont eux-mêmes que sur scène. Et pour tourner ils tournent, avec environ 100 dates par an, des salles remplies...
Il faut dire que leur popularité n'a cessé de grimper depuis qu'ils ont représentés la France lors de l'Eurovision en 2007.
C'est en voyant les inscriptions des Wampas, de Katerine et d'autres qu'ils ont finalement sauté le pas avec la réussite qu'on leur connaît. Finalement, ils en sont revenu avec des souvenirs "d'un excellent saumon finlandais" et d'une ville "moitié moche, moitié soviétique" (Helsinki)...
Il faut dire que Laurent a "du mal avec le premier degré", mais on le comprend, lui qui a grandi en écoutant Renaud (enfin celui de la belle époque...).
Et justement, leur dernier clip "Coming Out" est un bijou de second degré, "avec Dave dans le rôle du père homophobe, et Armande Altaï dans une tenue tirée d'un roman de Proust."
Pourtant, malgré leur popularité "sans être élitistes ni underground", ils sont peu diffusés par les radios nationales et les chaines de télévision musicales... mais c'est aussi ce qui les rend accessibles et qui permet de les découvrir dans un contexte moins commercial sur les radios locales.
Pour la suite, Laurent qui écrit beaucoup (son blog), a déjà quelque textes en réserve.
En bref, Les Fatals Picards reviennent fort! Ils prouvent une fois de plus, avec "Coming Out" un album chargé de messages et d'humour, qu'ils sont toujours "concernés" (terme qu'ils préfèrent à "engagés"). Ce nouvel opus est un excellent cru, dans la lignée du précédent. Loin de se vouloir moralisateurs, les Fatals Picards nous dressent des tableaux sans tabous et sans passer par les cases préjugés ou bobos... Et vous, c'est pour quand votre "Coming Out"?

mardi 29 mars 2011

The Dough Rollers, Malcolm & Jack

Un dimanche banal du mois de mars à Montréal. -6°C et une effervescence grandissante tout au long de l'après-midi devant le Métropolis dans la rue Sainte Catherine Est. En effet les "Queens Of The Stone Age" étaient présents dans la ville dite aux cent clochers pour l'une de leurs deux seules représentations canadiennes et l'unique au Québec.
Les vendeurs à la sauvette ainsi que ceux qui n'avaient pas trouvé leur bonheur dans les points de vente officiels, se multipliaient sur le trottoir de cette grande artère montréalaise...
Mais c'est loin de cette agitation, dans la rue qui sert aux livraisons que j'ai rencontré Malcolm Ford et Jack Byrne. On ne peut pas les manquer, ils ont un look qui ne laisse pas indifférent, les cheveux plaqués en arrière, des costumes old school, les avants-bras tatoués,... mais l'erreur serait de s'arrêter à cette image.
Finalement, c'est dans un fast-food que la conversation a commencé.
Ils se sont rencontrés par l'intermédiaire d'amis communs, et Jack qui écoutait du blues depuis des années a entraîné Malcolm dans sa passion.
Ca fait maintenant 4 ans qu'ils jouent ensemble.
Parfois accompagné par d'autres musiciens, comme sur le premier album éponyme "The Dough Rollers", enregistré en seulement 5h... ou sur cette tournée avec les QOTSA, où ils ont intégrés un batteur et un bassiste pour que ça sonne rock.
Sur leur second album "Someday Baby", bientôt disponible, ils sont seuls et se retrouvent sur des rythmes très blues.
Leurs influences sont très diverses, ils écoutent de tout mais se rejoignent sur le rock, la country et le blues. On pourrait croire que le talent ne va pas de paire avec le travail, pour eux c'est le contraire. En effet, dès la fin de l'enregistrement du 1er album, ils ont passé l'essentiel de leur temps à écrire.
On peut se demander ce qu'un groupe de blues fait en première partie d'un groupe de hardrock mondialement connu, mais il n'y a qu'à voir les applaudissements de la foule pour comprendre que leur ascension depuis les bars new-yorkais où le public était composé de 3 personnes vers des salles pouvant en accueillir 10 000, ne doit rien au hasard.
Les chanceux spectateurs ont pu assister à une démonstration de rock'n'roll. Aussi bien avec Malcolm qui n'hésite pas à déformer son visage pour faire sortir sa voix grave et entrainante tel un gamin de 25 ans qui aurait commencer avec un paquet par jour dès l'âge de 5 ans, qu'avec Jack aussi réservé que talentueux.
Ensemble, ils se jouent des conventions et nous montre a quel point Elvis est toujours présent dans les références des artistes plus jeunes.
Et dire que ces deux gars là seraient devenus policiers, pompiers ou encore criminels s'ils n'avaient pas embrassés une carrière artistique. Ils sont bien mieux sur scène, et en sécurité, pour notre plus grand plaisir!
A écouter ici.

Rodrigue et "L'Entre Monde"

3 ans après "Le jour où je suis devenu fou", des dizaines de concerts, des heures d'écritures, Rodrigue revient nous faire l'étalage de son talent.Avec "L'entre-monde", on  (re)plonge dans son univers non sans un indéniable plaisir...
Un savant mais naturel mélange des genres rock et pop, plein de poésie, de sensualité et de suggestions implicites qui vous invite au voyage!
N'ayez pas peur de vous perdre, laissez vous aller et si vous souhaitez changer de chemin, n'hésitez pas à utiliser le plan fourni avec l'album.
Un artiste au talent rare qui n'est pas sans nous rappeler la "Bohemian Rhapsody" tant par sa diversité que par son ouverture.
Il nous fait retrouver le goût de la chanson française avec des textes soignés mêlant charme et audace, humour et sensualité...
A découvrir en urgence chez vos disquaires, dans vos salles de concerts ou sur ce site.